Pourquoi ma dalle béton se fissure ? Causes fréquentes

Le béton fissuré est un phénomène courant dans les constructions résidentielles, industrielles et commerciales. Bien qu’il soit réputé pour sa solidité et sa durabilité, le béton n’est pas à l’abri des dégradations. Une dalle béton qui se fissure peut inquiéter les propriétaires, surtout lorsque l’apparition de ces fissures semble soudaine ou qu’elles s’élargissent avec le temps. Comprendre pourquoi une dalle en béton se fissure est essentiel pour diagnostiquer correctement la situation, anticiper les risques et agir en conséquence.

Le béton fissuré n’est pas toujours synonyme de danger structurel, mais il peut être le signe d’un problème sous-jacent nécessitant une attention particulière. Que la fissure apparaisse quelques jours après le coulage ou plusieurs années plus tard, chaque cas a une origine précise, souvent liée à des facteurs physiques, environnementaux ou techniques. Identifier ces causes permet non seulement de réparer efficacement, mais aussi de prévenir leur réapparition à l’avenir. Dans cet article, nous passons en revue les causes les plus fréquentes de fissuration des dalles en béton, en analysant les mécanismes en jeu, les signes distinctifs de chaque type de fissure et les solutions adaptées. A lire également : les différentes techniques de réparation pour une terrasse en béton.

Le retrait de séchage : la cause la plus fréquente

L’une des raisons les plus communes de fissuration d’une dalle béton est le retrait de séchage. Lorsque le béton est coulé, il contient une certaine quantité d’eau nécessaire à la réaction d’hydratation du ciment. Au fur et à mesure que cette eau s’évapore, le béton perd du volume, ce qui crée des contraintes internes. Si ces contraintes dépassent la résistance en traction du béton à un stade encore fragile (généralement dans les 7 à 14 premiers jours), des fissures apparaissent. Ces fissures, appelées fissures de retrait, sont souvent fines, irrégulières et situées en surface.

Elles apparaissent fréquemment dans les coins, aux changements de section ou autour des points d’ancrage. Bien qu’elles soient généralement non structurelles, elles peuvent devenir des points d’entrée pour l’humidité, favorisant la corrosion des armatures ou le gel-dégel en extérieur. Pour limiter ce phénomène, les professionnels utilisent des joints de retrait, des fibres de polypropylène dans le béton ou appliquent une protection contre l’évaporation juste après le coulage.

Mauvaise préparation du terrain ou tassement du sol

Une autre cause majeure de fissuration est un sol porteur inadéquat. Si le terrain n’a pas été correctement compacté avant le coulage de la dalle, ou s’il est sujet au tassement (sols argileux, remblais mal stabilisés, nappe phréatique fluctuante), la dalle peut s’enfoncer localement. Ce tassement entraîne des contraintes inégales sur la structure, provoquant des fissures souvent en forme d’étoile ou en diagonale, parfois accompagnées d’un dénivelé visible. Ces fissures sont particulièrement fréquentes près des murs porteurs ou dans les zones de passage. Dans les cas graves, le béton fissuré peut même se soulever ou se fendre en plusieurs morceaux. La solution passe alors par une stabilisation du sol, parfois via injection de résine ou sous-bétonnage, avant toute réparation de la dalle.

Article complémentaire : Les avantages et inconvénients des différentes techniques de réparation du béton.

Surcharge ou utilisation inadaptée de la dalle

Les dalles béton sont conçues pour supporter une charge donnée, calculée selon leur épaisseur, leur ferraillage et leur environnement. Lorsqu’une surcharge est appliquée – comme le stationnement d’un véhicule lourd sur une dalle non dimensionnée, ou l’installation d’équipements industriels – des contraintes excessives peuvent provoquer des fissures structurelles. Celles-ci sont souvent longues, droites, situées au centre de la dalle ou près des points d’appui. Elles peuvent s’accompagner de flèche (affaissement) ou de fissures parallèles. Dans les garages, les ateliers ou les caves, ce type de problème est fréquent lorsque les utilisateurs ignorent les limites de charge de leur sol. Une évaluation par un technicien du bâtiment peut alors être nécessaire pour déterminer si la dalle peut être renforcée ou doit être refaite.

Changements thermiques et cycles gel-dégel

Le béton, bien que solide, subit des dilatations et contractions liées aux variations de température. En extérieur, ces cycles sont particulièrement marqués : en hiver, l’eau pénétrant dans une microfissure peut geler, se dilater de près de 9 %, et forcer l’ouverture de la fissure. Répété sur plusieurs saisons, ce phénomène, appelé gel-dégel, fragilise progressivement la dalle. Les fissures dues au gel sont souvent superficielles au départ, mais s’élargissent avec le temps et peuvent former des éclats ou des écaillages (spalling). Ce risque est accru si le béton n’est pas suffisamment dense, s’il manque d’air entraîné (bulles microscopiques qui absorbent la pression du gel) ou s’il n’est pas protégé par un hydrofuge. Voir aussi : Comment réparer un béton endommagé par le gel ?

Fissures dues à la corrosion des armatures

Dans les dalles armées, les barres d’acier (ferraillage) jouent un rôle clé dans la résistance en traction. Cependant, si l’enrobage de béton autour des armatures est insuffisant ou si l’imperméabilité est compromise, l’humidité et le dioxyde de carbone peuvent pénétrer et provoquer la corrosion de l’acier. Lorsque le fer rouille, il gonfle jusqu’à sept fois son volume initial, exerçant une pression sur le béton environnant. Cela provoque des fissures longitudinales le long des armatures, souvent accompagnées d’éclatements superficiels ou de traces d’oxydation. Ce type de béton fissuré est particulièrement critique car il affecte la structure même de la dalle. La réparation implique souvent le décapage de la zone corrodée, le traitement de l’armature et un rebouchage avec un mortier anticorrosion.

Joints de dilatation mal conçus ou absents

Les joints de dilatation sont des éléments prévus lors de la conception de la dalle pour absorber les mouvements dus aux variations thermiques, au retrait ou aux charges. Lorsqu’ils sont mal dimensionnés, mal placés ou tout simplement absents, les contraintes s’accumulent dans le béton, qui finit par se fissurer de manière aléatoire. Les fissures apparaissent alors à des endroits non prévus, souvent en diagonale ou en forme de croix. Ces fissures peuvent être profondes et évoluer rapidement. La présence de joints réguliers (tous les 3 à 6 mètres selon l’épaisseur) est donc cruciale pour contrôler la fissuration.

Réactions chimiques internes (alcali-réaction)

Dans certains cas rares mais graves, des réactions chimiques internes peuvent fragiliser le béton de l’intérieur. L’alcali-réaction se produit lorsque les alcalis du ciment réagissent avec certains granulats réactifs (comme le silex ou la chert), en présence d’humidité. Cette réaction génère un gel expansif qui pousse les composants du béton de l’intérieur, provoquant des fissures en réseau, souvent accompagnées d’exsudations blanchâtres à la surface. Ce phénomène est lent (s’étend sur des années) mais irréversible. Il nécessite une expertise pour être diagnostiqué et souvent des solutions structurelles majeures.

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