Utiliser de la colle pour carrelage mural en salle de bain
La salle de bain est l’une des pièces les plus exigeantes de la maison en termes de matériaux de construction. Humidité constante, variations de température, condensation, projections d’eau et vapeur : ces conditions spécifiques imposent des choix techniques rigoureux, notamment lors de la pose de carrelage mural. Le choix de la colle pour carrelage mural en salle de bain n’est donc pas anodin. Il ne s’agit pas simplement de fixer des carreaux au mur, mais de garantir une adhérence durable, étanche et résistante à la moisissure, dans un environnement agressif. Une erreur de sélection ou de mise en œuvre peut entraîner des décollements, des infiltrations d’eau derrière les carreaux, voire des dégâts des eaux ou des problèmes de santé liés au développement de champignons.

On parle également de colle hydrofuge, colle pour carrelage humide, colle résistante à la vapeur d’eau, colle pour mur de douche, colle spéciale salle de bain, colle anti-moisissure, ou encore colle pour carrelage sur support humide. Chacun de ces termes pointe vers des propriétés spécifiques : imperméabilité, adhérence sur supports non conventionnels (comme le placo-plâtre hydrofugé ou le béton cellulaire), flexibilité, ou encore résistance chimique aux produits de nettoyage. Contrairement à une colle standard utilisée dans une chambre ou un salon, celle destinée à la salle de bain doit répondre à des exigences accrues en matière d’étanchéité et de durabilité.
La norme européenne EN 12004 reste la référence pour évaluer les performances des colles à carreaux. En salle de bain, les colles de classe C2 sont fortement recommandées, voire indispensables. Elles offrent une adhérence supérieure (supérieure à 1 MPa après vieillissement en eau) par rapport aux colles de classe C1, ce qui est crucial dans un environnement humide. De plus, la mention F (flexible) est vivement conseillée, car elle permet à la colle de résister aux micro-déformations du support dues aux variations thermiques ou à l’humidité. Une colle rigide risque de se fissurer avec le temps, compromettant l’étanchéité de l’ensemble.
Certaines colles bénéficient également de la mention S1 ou S2, indiquant leur temps de déformabilité (respectivement long ou très long). Cela signifie qu’elles restent légèrement plastiques après prise, ce qui est un avantage dans les zones sujettes aux mouvements, comme les murs de douche ou les cloisons légères.
Choisir la colle selon le support mural
Le support sur lequel on pose le carrelage en salle de bain conditionne fortement le choix de la colle. Les supports les plus courants sont :
- Placo-plâtre hydrofugé (type BA13 hydrofugé) : très utilisé en rénovation, il nécessite une préparation soigneuse. Une sous-couche d’apprêt spécifique est indispensable pour assurer l’accrochage de la colle. Une colle de classe C2 F est recommandée pour éviter tout risque de décollement.
- Béton ou maçonnerie : support solide et poreux, idéal pour la pose de carrelage. Il doit être propre, sec et exempt de poussière. Un primaire d’accrochage est conseillé pour réguler l’absorption d’eau.
- Ancien carrelage : poser du nouveau carrelage sur un ancien est possible, à condition que l’ancienne pose soit parfaitement stable, sans cloques ni décollements. Le support doit être dégraissé, poncé pour créer de la rugosité, et recouvert d’un apprêt spécial avant l’application de la colle.
- Panneaux de fibrociment ou de ciment : souvent utilisés dans les douches à l’italienne, ces panneaux sont conçus pour résister à l’eau. Ils nécessitent une colle souple et hydrofuge, souvent de type C2 F.
- Supports non traditionnels (panneaux de bois, contreplaqué marin) : rares en salle de bain, mais parfois utilisés. Ils exigent une colle organique (type acrylique) ou un mortier-colle spécialement formulé pour supports souples.
Application de la colle en milieu humide
L’application de la colle pour carrelage mural en salle de bain suit des règles strictes. Elle commence par la préparation du support : nettoyage complet, réparation des fissures ou irrégularités, puis application d’un primaire d’accrochage adapté. Ce primaire empêche une absorption trop rapide de l’eau de gâchage, ce qui pourrait nuire à la prise de la colle.
La colle, généralement en poudre à mélanger avec de l’eau, doit être gâchée selon les proportions indiquées par le fabricant. Un mélange trop liquide ou trop sec compromettrait la résistance finale. Après mélange, il est conseillé de laisser reposer le mortier pendant 5 à 10 minutes (« repos de trempage »), puis de remélanger brièvement avant utilisation.
On applique ensuite la colle au mur à l’aide d’une lisseuse crantée. Pour les carreaux muraux standards (jusqu’à 30x30 cm), des crans de 6 à 8 mm sont généralement suffisants. Pour les carreaux de grand format (plus de 45 cm de côté), des crans plus profonds (10 mm) sont nécessaires pour assurer une couverture complète. Il est crucial d’étaler la colle uniformément, sans laisser de zones non couvertes, et de poser le carreau immédiatement après application.
Le temps de travail est limité : entre 15 et 30 minutes selon la température et l’humidité ambiante. Passé ce délai, la colle commence à prendre et il devient impossible de corriger la position des carreaux. En salle de bain, où l’air peut être humide, ce temps peut être légèrement rallongé, mais il ne faut pas en abuser.
Une fois les carreaux posés, il faut attendre au moins 24 heures avant de réaliser le jointoiement. Le joint doit être hydrofuge, anti-moisissure et élastique, surtout dans la douche ou autour de la baignoire. Les joints cimentaires standards ne conviennent pas : ils absorbent l’eau et favorisent le développement de moisissures noires. On privilégiera des joints à base de résine ou des joints spéciaux pour salle de bain, disponibles en différentes couleurs.
Enfin, quelques erreurs fréquentes doivent être évitées : poser sur un support humide, négliger le primaire, utiliser une colle non adaptée à l’humidité, ou encore effectuer le jointoiement trop tôt. Ces erreurs peuvent entraîner des infiltrations d’eau derrière les carreaux, provoquant des dégâts invisibles mais graves : pourriture du support, moisissures, voire décollement total.
En conclusion, la colle pour carrelage mural en salle de bain est un élément clé de la réussite d’un aménagement durable et sain. Elle doit être choisie avec soin, en fonction du support, du type de carrelage et des conditions d’humidité. Une pose bien exécutée, avec les bons matériaux, garantit non seulement une esthétique soignée, mais aussi une sécurité sanitaire et une longévité optimale.
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